Aucune des deux jeunes femmes, Iva et Nino, employées coiffées de calots désuets dans leur cabine de téléphérique hors d’âge, ne dira un mot de tout Gondola. Pas un mot de leur amour glissant, naissant, ascendant et descendant sur le toit du monde, quelque part en Géorgie. Seulement une succession de vignettes, de saynètes, de sketchs coloriés, de sentiments mimés. Ce mutisme, ce n’est pas ce que notre temps nomme la silenciation, le film est trop inactuel, mais du cinéma silencieux. Pas muet non plus mais sans parole. Intemporel, diront des mirliflors adeptes de cette «poésie poétique». Nous disons : pacotille, bibeloterie, «film de montagne» vieillot et sain, avec des joues roses et de vivants santons d’un folklore à flanc de coteau.
Gondola plane au-dessus de son artificialité répétitive, lambinant comme les interminables trajets allers retours vers nulle part, des cimes à une vallée hypothétique. La séduction muette entre les deux filles, à distance de travellings obliques, coulisse à vide, sourires invariablement ravis et ennuyeuse ingéniosité, œillades à la dérobée et exhibitions prudemment saphiques. Hors du temps et du cinéma, le film se recroqueville sur son imagerie d’Epinal, sa petite musique d’accordéon, ses plans de coupe entre deux téléphériques.