Goodbye Julia, et bonjour à ceux qui, au cinéma, veulent encore croire en la rencontre entre deux êtres que tout oppose – revanche rêvée sur les séparatismes, la haine facile, tout ce que le cinéaste Mohamed Kordofani dévisage et dénonce avec une élégance qui n’est pas donnée à tout le monde. Ce sera donc le récit de deux femmes et de leur amitié possible, même dans un monde où la première, noire et chrétienne (la Julia du titre, qui porte les traits angéliques de Siran Riak), laverait le sol de l’autre, bourgeoise et musulmane (altière Eiman Yousif), élevée dans le préjugé raciste. Même dans un Soudan déchiré par le chaos, éclaboussé du sang des Sudistes sécessionnistes au long de plusieurs décennies de conflit qui l’opposèrent aux populations arabes du Nord – l’action commence en 2005, dans la période qui conduira au référendum sur l’indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011.
Signé d’une main sûre, le film affronte cette violence sans trembler, avant de se replier dans des compositions tamisées, étui feutré de l’espace domestique. Un secret en particulier prend toute la place au foyer, où la patronne déborde d’égards inhabituels envers la domestique, allant jusqu’à payer la scolarité de son fils orphelin. Nous, spectateurs dans la confidence, avons assisté au meurtre du mari de Julia, et comprenons quelle dette inavouable unit la bienfaitrice à la jeune veuve. Ce qui fait du film quelque chose de plus compliqué, plus terrible qu’une fiction de réconciliation cons