Habitant seule dans un entrepôt réaménagé, Moon-jung (Kim Seo-hyung) attend la sortie de son fils d’un centre de détention pour mineurs. Aide à domicile pour un couple âgé, elle survit péniblement à chaque journée, refoulant un traumatisme familial derrière des coups qu’elle s’inflige à elle-même. Le premier tiers de Greenhouse détaille ainsi le quotidien morne de son personnage, modèle d’abnégation victime de toutes les humiliations, de son amant pressant à sa mère à l’hôpital qui ignore son affection. Même la vieille dame dont elle s’occupe, atteinte de démence, développe à son encontre un délire paranoïaque et ne cesse de la rudoyer.
Si Lee Sol-hui n’hésite pas à forcer le trait de ce portrait misérabiliste – même dans son lit, Moon-jung est assaillie par un insecte répugnant qui lui tombe sur le visage –, elle parvient également à incarner cette figure de laissée-pour-compte par quelques détails plus habiles. Isolée dans des décors froids, le teint pâle et les vêtements ternes, cette dernière apparaît à demi effacée dans le monde qui l’entoure. Elle semble presque privée d’une voix qui lui appartienne : une femme au chevet de sa mère semble parler à la place de Moon-jung quand elle rend visite à la sienne, puis, lorsqu’elle s’apprête à prendre la parole durant une réunion de dépressifs, une coupe de montage interrompt son discours.
Pathos douteux
Moon-jung va cependant devoir reprendre la main sur sa propre vie le jour où, par accident, elle cause la mort de la vieille femme qu’el