Avant que Ridley Scott ne décide d’en faire une tragédie baroque boostée aux stars hollywoodiennes, les Italiens avaient depuis près de vingt ans fini par ranger l’affaire du meurtre de l’héritier Gucci dans le rayon des telenovelas sulfureuses et sordides. Et pas seulement en raison de la ressemblance entre la pulpeuse Patrizia Reggiani et Joan Collins, l’héroïne du feuilleton Dynasty. Agée de 47 ans au moment des faits, l’ex-femme de Maurizio Gucci a été condamnée en 1998 à vingt-neuf ans de réclusion pour avoir commandité le meurtre de son ancien mari.
Pourtant, au départ, lorsque le 27 mars 1995 Maurizio Gucci est abattu en bas de l’immeuble milanais où il a son bureau, aucune piste n’est privilégiée. La presse transalpine évoque une histoire de racket, avance l’ombre de la mafia pour une hypothétique affaire de blanchiment d’argent, voire un différend avec les investisseurs arabes qui viennent de racheter la célèbre et séculaire griffe aux deux G. Le descendant de la famille florentine a été exécuté de trois balles dans le dos, un dernier projectile dans la tempe. Surpris dans sa fuite par le portier, l’assassin tire un dernier coup de feu, blessant celui-ci au bras. Pendant plusieurs mois, l’enquête patine. Jusqu’à ce que les policiers n’approfondissent le plus banal des mobiles :