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Cinéma

«Gueules noires» et «Et la fête continue» : les vite vus de la semaine

En salles ce mercredi 15 novembre, une immersion dans la vie politique à Marseille et une plongée énigmatique dans une mine de charbon au mitan du XXe siècle.
«Gueules noires» affiche une maîtrise formelle évidente. (Alba)
publié le 15 novembre 2023 à 0h57

«Gueules noires»

1956, dans le nord de la France. Un scientifique plonge dans les profondeurs d’une mine de charbon pour effectuer des prélèvements, encadré par une équipe de mineurs réquisitionnée pour sécuriser l’opération. Une fois sur place, entre inscriptions cabalistiques et sarcophage inviolable, l’objet des recherches apparaît de plus en plus trouble et inquiétant. Troisième long métrage de Mathieu Turi, Gueules noires affiche une maîtrise formelle évidente. Le moteur tourne impeccablement, c’est à la fois dense, épais et très direct. Ça ne suffira pas hélas à complètement sauver ce délire lovecrafto-minier qui, s’il a le mérite de ne jamais patauger et d’assumer complètement son mash-up de Germinal et Predator, se perd dans des dialogues à la limite de la parodie («la légende disait donc vrai») et des inserts socio-pédagogiques un peu forcés. Mais Gueules noires fait en vérité surtout l’erreur de trop peu jouer avec l’obscurité, révélant tout de sa créature – jusqu’à ses desseins et sa mythologie – là où on aurait espéré un peu plus de mystère. L.J.B.

Gueules noires de Mathieu Turi avec Samuel Le Bihan, Amir El Kacem, Jean-Hugues Anglade, 1h43.

«Et la fête continue»

Le personnage de Rosa interprété par Ariane Ascaride serait inspiré de Michèle Rubirola, qui avait fédéré autour de sa candidature contre Gaudin à Marseille un grand nombre de courants de gauche avant, une fois élue, de céder son siège à Benoît Payan. L’histoire oscille entre ses hésitations et découragements et l’activisme de ses proches après l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne. Le problème du film, c’est la réduction de tous les enjeux qui concernent la deuxième plus grande ville de France à la peau de chagrin d’une telenovela étrangement déphasée, tant le cinéaste se contente de vues pittoresques sur la ville et se tient éloigné de toute complexité sociale ou politique au profit d’une sorte de conte réconfortant pour spectateurs en hypoglycémie de valeurs humanistes avec l’accent. Les réunions préparatoires organisées par la figure de la candidate potentielle ressemblent ici à des comités de quartier et l’ampleur du scandale des immeubles insalubres devient un petit théâtre d’éloquence citoyenne. C’est peut-être la nostalgie d’une France villageoise contre le plan «Marseille en grand» lancé par Macron mais il faut pendant la projection s’abstraire de toute idée de réalisme ou de vraisemblance. D.P.

Et la fête continue ! de Robert Guédiguian avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Lola Naymark… 1h46.