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Vu de Tokyo

Hayao Miyazaki : au studio Ghibli, une succession sans succès

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Génie solitaire et bourreau de travail tendance «emmerdeur», selon les mots de son fils Goro, le patriarche de l’animation japonaise a systématiquement écarté tout héritier potentiel.
Un extrait du documentaire «Never-Ending Man: Hayao Miyazaki» de Kaku Arakawa (2016). (NHK)
par Karyn Nishimura, correspondante à Tokyo
publié le 30 octobre 2023 à 18h19

Travailler avec Hayao Miyazaki : le rêve de tous les jeunes dessinateurs-animateurs. Devenir son élève et successeur, un mirage. A écouter ses proches et collaborateurs, le patriarche de 82 ans est d’une telle omniprésence et exigence que nul ne saurait le satisfaire. «En fait, depuis qu’il a dépassé 80 ans, il s’est assagi», assure son fils Goro. «Toutefois, dès qu’on en vient à parler d’animation, la tension monte», confie-t-il lors d’un entretien au studio Ghibli. Les relations entre les deux ont toujours été compliquées. Goro, qui ne voyait guère son père à la maison quand il était enfant, le «croise désormais au studio» fondé en 1985 avec le cinéaste Isao Takahata et le producteur attitré et complice de toujours Toshio Suzuki. Quand le junior né en 1967, entré chez Ghibli en 1998 pour créer le musée Ghibli de Mitaka, a tenté de prendre le chemin de l’animation sous l’impulsion de Suzuki, son père était «totalement contre». Ce qui ne l’a pas empêché de réaliser les Contes de Terremer (2006). Après la projection, Hayao Miyazaki est rentré chez lui sans adresser un mot à son fils. Puis a suivi la Colline aux coquelicots (2011), où les deux étaient censés travailler en harmonie. Pas facile avec les reproches incessants du paternel excédé au point de lancer devant une caméra