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Vertige

Hayao Miyazaki, l’étoffe du «Héron»

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A la fois hermétique et saisissant, «le Garçon et le Héron» plonge dans les premiers souvenirs du démiurge de l’animation japonaise qui lâche la bride une fois encore à son imaginaire débordant pour une version masculine et pessimiste du «Voyage de Chihiro».
Mahito, qui porte le deuil de sa mère, devient obnubilé par le vol incessant d’un héron. (Hayao Miyazaki/Wild Bunch)
publié le 30 octobre 2023 à 18h17

Après avoir annoncé sa retraite en 2013, et que Le vent se lève serait donc son dernier film, Hayao Miyazaki, surmontant sa fatigue, ses douleurs ­articulaires, a finalement renoncé au plaid et à l’oisiveté. Il a repris les crayons à dessin, renouant avec sa routine de travail inflexible sept ans durant pour fignoler et parachever Et vous comment vivrez-vous ?, rebaptisé le Garçon et le Héron, film immédiatement qualifié de «testamentaire» ici et là, alors même que l’auteur, 82 ans, faisait savoir par la voix de son producteur qu’il était déjà lancé sur un nouveau projet. Dans le conte des mille et une nuits de son cerveau mirobolant où fusent les visions d’une cosmogonie intérieure et devenue universelle par le truchement de ses nombreux chefs-d’œuvre, il faut ajouter un nouveau récit au dernier et ainsi gagner du temps sur la mort en embuscade. Chaque plan accompli, exposé tel un tableau dans sa splendeur rêveuse, ralentit le sablier et la course folle du personnage principal à travers les paliers complexes d’intermondes aux formes et créatures s’exfiltrant comme en panique d’un imaginaire dégondé. Lequel oppose, à la flèche du temps, la vitalité jaillissante d’une jeunesse sans fin.

Seuil de la psychose

Le titre du film reprend celui d’un roman ini