Après avoir annoncé sa retraite en 2013, et que Le vent se lève serait donc son dernier film, Hayao Miyazaki, surmontant sa fatigue, ses douleurs articulaires, a finalement renoncé au plaid et à l’oisiveté. Il a repris les crayons à dessin, renouant avec sa routine de travail inflexible sept ans durant pour fignoler et parachever Et vous comment vivrez-vous ?, rebaptisé le Garçon et le Héron, film immédiatement qualifié de «testamentaire» ici et là, alors même que l’auteur, 82 ans, faisait savoir par la voix de son producteur qu’il était déjà lancé sur un nouveau projet. Dans le conte des mille et une nuits de son cerveau mirobolant où fusent les visions d’une cosmogonie intérieure et devenue universelle par le truchement de ses nombreux chefs-d’œuvre, il faut ajouter un nouveau récit au dernier et ainsi gagner du temps sur la mort en embuscade. Chaque plan accompli, exposé tel un tableau dans sa splendeur rêveuse, ralentit le sablier et la course folle du personnage principal à travers les paliers complexes d’intermondes aux formes et créatures s’exfiltrant comme en panique d’un imaginaire dégondé. Lequel oppose, à la flèche du temps, la vitalité jaillissante d’une jeunesse sans fin.
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