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Cinéma

«Here» de Bas Devos, l’échappée belge

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Tissé d’attentions pour l’invisible et la magie ordinaire, le film du Flamand Bas Devos illumine les errances de Bruxellois aux premiers jours de l’été.
Liyo Gong et Stefan Gota dans «Here». (Kris Dewitte/Imagine Film Production)
publié le 9 juillet 2024 à 15h57

Voici un film qui vous donnera peut-être envie de tout plaquer pour étudier les mousses et les lichens en forêt. Faire l’expérience du tout-petit n’arrive pas tous les jours – et on ne parle pas seulement de cette scène où une jeune chercheuse en botanique, les genoux dans la terre, observe une motte spongieuse à la loupe. Tissé d’attentions microscopiques au vivant, dédié à la seule présence des personnages et des choses qu’il filme, Here se tient donc en marge des machineries de narration les plus bruyantes, comme un hommage à l’instant qui tremble, ici et maintenant. Qu’est-ce qui s’y passe ? Absolument rien qui pourrait avoir trait à un «rendement» fonctionnel de l’intrigue, donc absolument tout ce qui compte : pique-niques dans l’herbe, trajets en bus, rencontres sur le pouce, scènes de vie urbaine où il est moins question d’isolement que de connexions possibles au détour d’une rue.

Stefan, ouvrier roumain dans le bâtiment à Bruxelles, s’apprête à rentrer au pays pour l’été. Ou peut-être pour toujours, se dit-on à la manière équivoque qu’il a de suspendre ses au revoir avec la gravité des adieux. Il croisera bientôt la route de la belle Liyo Gong, scientifique d’origine chinoise, passionnée par les végétaux : lui, bâtisseur de gratte-ciel, se fascinera alors pour la vie sous ses pieds. Pour l’heure, son seul souci est d’écouler les dernières denrées de son frigo, et de rendre visite à chacun de ses proches pour leur offrir des boîtes de soupe maison.

C’est le quatr