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Hiroshi Shimizu, surgissement tardif

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Deux rétrospectives d’envergure, à la Cinémathèque française et à la Maison du Japon à Paris, permettent d’arpenter l’œuvre du cinéaste, contemporain d’Ozu et idole de Mizoguchi. Ainsi, on découvre enfin en France l’exceptionnelle modernité d’une filmographie où la société japonaise et l’enfance sont observées toute en finesse.
«La Tour d’introspection» (1941) d’Hiroshi Shimizu. (Shochiku Company)
publié le 4 juin 2021 à 19h19

Géographie mouvante tel un univers en perpétuelle expansion, l’histoire du cinéma, on le sait, réserve parfois de terrassantes surprises qui viennent brouiller ses contours et en reconfigurer le relief. Des îles endormies, des terres peu balisées appellent un regard neuf qui leur redonnera vie. Il arrive même qu’à la faveur d’une tardive résurrection, un continent émerge enfin de l’oubli. Ce fut le cas de Yasujirô Ozu, découvert en France seulement à la fin des années 70, soit quinze ans après sa mort, et considéré aussitôt comme l’un des plus grands formalistes du cinéma japonais.

Né la même année que ce compatriote et ami, dont il aimait partager les gueuletons copieusement arrosés de saké, Hiroshi Shimizu (1903-1966) n’avait jusqu’à présent pas eu droit à une telle reconnaissance, à l’international du moins, malgré l’admiration de ses pairs – Mizoguchi le tenait pour un génie, auprès duquel Ozu et lui-même faisaient, disait-il, figures de besogneux, c’est dire. Condamnée à un purgatoire encore plus long que celui d’un Mikio Naruse, dont les splendeurs ne furent longtemps réservées qu’à quelques happy few éblouis, la filmographie vertigineuse de Shimizu – 163 longs métrages dont plus des deux tiers perdus, hélas – attendait la rétrospective d’envergure qui l’exposerait enfin à une plus vive lumière. Celle que lui consacrent la Cinémathèque française et dans la foulée la Maison de la culture du Japon à Paris, la plus importante à ce jour avec 51 films présentés, perme