Et de deux. Après le débrayage des scénaristes le puissant syndicat des acteurs américains a annoncé jeudi son entrée officielle en grève à partir de ce vendredi, décision qui devrait complètement paralyser Hollywood, où la production de films et séries tourne déjà au ralenti à cause du mouvement social des plumes. «Le conseil national du SAG-AFTRA a voté à l’unanimité un ordre de grève contre les studios et les diffuseurs», a annoncé Duncan Crabtree-Ireland, le directeur exécutif national de ce syndicat qui représente 160 000 acteurs et autres professionnels du petit et grand écran.
«Après plus de quatre semaines de négociations, l’Alliance des producteurs de cinéma et de télévision […] refuse toujours d’offrir un accord juste concernant les questions clés qui sont essentielles aux yeux des membres de la SAG-AFTRA», comme leur rémunération, avait déploré le syndicat des acteurs dans un communiqué jeudi matin.
Revalorisation des salaires et craintes de l’IA
L’échéance des négociations pour parvenir à un accord entre acteurs et grands studios de Hollywood était fixée à ce jeudi 13 juillet. Les acteurs en grève rejoignent ainsi les scénaristes, qui ont cessé le travail début mai. Ce double mouvement social réunissant les visages et les plumes de l’industrie cinématographique est une première depuis 1960 à Hollywood.
Les deux corps de métiers réclament une revalorisation de leurs rémunérations, en berne à l’ère du streaming. Ils souhaitent également obtenir des garanties concernant l’usage de l’intelligence artificielle, pour empêcher l’IA de générer des scripts, ou de cloner leur voix et leur image.
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Sans comédiens et surtout sans stars, tous appelés à rejoindre le piquet de grève, les tournages ne sont tout simplement plus possibles. Seuls quelques «talk-shows» et émissions de télé-réalité pourraient se poursuivre. Cette grève handicape aussi sérieusement la promotion des blockbusters attendus en salle cet été, comme le film Oppenheimer de Christopher Nolan, dont la première à Londres ce jeudi a été avancée d’une heure pour permettre à son casting d’assurer les interviews avant le début de la grève, ou son adversaire au box office Barbie de Greta Gerwig, objet d’un battage marketing de tous les diables.
L’absence de comédiens sur les tapis rouges laissera un grand vide, comme aux Emmy Awards, les «Oscars» télévisuels, prévue le 18 septembre. La production envisage de reporter l’événement au mois de novembre, voire à l’année prochaine, selon la presse américaine. Nul ne sait combien de temps le mouvement de grève pourrait durer. Les acteurs n’ont pas fait grève depuis 1980. La dernière des scénaristes remonte, elle, à 2007-2008 : le conflit avait duré 100 jours et coûté deux milliards de dollars au secteur.