Ils sont six et ont arrêté d’y croire. Tous ont exercé dans la fonction publique, sinistrée par les restrictions budgétaires : flic, enseignantes, soignante, magistrate, facteur ont bataillé jusqu’au burn-out, cassés dans leur vocation à en perdre le sommeil et les cheveux, suffoqués par la perte de sens. Leur désillusion est politique.
Ils ne se connaissaient pas avant que Jean Boiron-Lajous les caste dans un film au dispositif semi-théâtral. La troupe d’inconnus s’éclaire à la lampe torche dans un hôpital désaffecté, comme on explore les ruines d’un monde ancien. Certains enfilent leur ancien uniforme pour lire leur lettre de démission face caméra.
Cette mise en scène oxygène le documentaire autant qu’elle tend à l’artificialiser, mais laisse en tout cas fuser l’intelligence du collectif, la pensée en mouvement de ceux qui prouvent, par l’ardeur qu’ils mettent à alerter une société qui marche sur la tête, qu’ils n’ont pas tout à fait baissé les bras.
Démantèlement de l’Etat
Le film, désireux de reconstruire une communauté avec ces travailleurs HS, prend la forme d’un groupe de parole : chacun semble trouver sa place dans une curieuse confrérie d’éclopés, une «colo» de cinéma aux airs de thérapie.
L’un confie le suicide de deux de ses anciens collègues policiers. Un autre, postier, raconte la rentabilité à marche forc