En montant un tombeau pour Kimi, Marusya Syroechkovskaya a fait un grand film, un des plus beaux et des plus tristes possibles. Tombeau, pas en forme de stèle, mais sous forme libre : kaléidoscope jouant avec la lumière continuant d’irradier d’une vie qui s’est éteinte, à la lueur de ses images gardées. C’est dès la première scène qu’on voit la jeune cinéaste, née en 1989, se rendre à l’enterrement, en 2016, de celui qui était, depuis l’adolescence, son amoureux, son mari, son ex, son ami, cérémonie dont on reverra les bribes à la fin du film : entretemps, encadrés par ce départ, les feux croisés de leurs vies entrelacées auront été évoqués, ressuscités, recomposés avec une intensité folle, aussi élégiaque que directe, par le montage : force musicale qui trouve le rythme de la vie (plutôt que son sens) pour en restituer les battements et les cris. «S’il y a une vie après la mort, alors elle est numérique, comme ça. Où tu restes pixellisé pour toujours. Où chaque moment de notre vie se répète encore et encore.» Des rushs de l’éternel retour, archive morte, Marusya Syroechkovskaya a tiré la mélodie hyper-vivante (et ultra-grunge) d’un corps qui a décidé de ne plus exister.
C’est que How to Save a Dead Friend, est un film politique, et non pas mélancolique, sur le suicide, celui de Kimi, celui de Marusya (sa tentatio