En théorie, le cinéma nous a trop habitué à magnifier le génie des truands pour que le programme déroulé par I Care a Lot nous déstabilise plus que ça. Qui se préoccupe encore du fait que les anti-héros des films de gangsters ou d’escroquerie sont des êtres immoraux quand la fiction leur taille un costard aussi glamour ? Oui mais voilà, Marla Grayson, notre protagoniste, est un monstre que le film nous donne les moyens de haïr à un niveau perturbant. D’un côté, sa perversion se tisse dans une rhétorique girl power qui paraît chercher notre adhésion par des effets de punchlines et flamboiement cool. De l’autre, le discours est versé au compte d’une sinistre éthique de prédation capitaliste qui cible (horreur !) d’innocentes personnes âgées. S’enrichir grâce au narcotrafic ou comme tueuse à gages passerait mieux que ça.
Comme dans le thriller conjugal Gone Girl de David Fincher (2014), absorbé et digéré par J Blakeson, le rêve américain arbore le sourire de l’impeccable et carnassière Rosamund Pike. Epaulée par son amante et associée Fran, Marla est le cerveau d’une escroquerie qui consiste à devenir la tutrice légale d’un cheptel de personnes âgées, jugées inaptes et placardisées dans un hospice grâce à quelques pots-de-vin bien placés. Ainsi la prédatrice – à la tête d’une société privée mandatée par l’Etat – de disposer éhontément du patrimoine de ses pupilles, et de s’enrichir sur la vente des demeures, bijoux et autres biens amassés pendant leur