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Libération
#MeToo

Ibrahim Maalouf écarté du jury du festival du cinéma américain de Deauville

Violences sexuellesdossier
Le trompettiste franco libanais avait été relaxé il y a quatre ans pour agression sexuelle sur mineur. Mais sa présence suscitait un «malaise dans l’équipe» du festival, justifie sa nouvelle directrice.
Ibrahim Maalouf en juillet 2023 à Los Angeles. (Rebecca Sapp /AFP)
publié le 25 août 2024 à 11h37

La nouvelle directrice du Festival du cinéma américain de Deauville - qui se tient du vendredi 6 au jeudi 15 septembre - Aude Hesbert, a annoncé samedi 24 août à La Tribune dimanche que le trompettiste Ibrahim Maalouf ne fait plus partie du jury, en raison d’un «malaise dans l’équipe» en lien avec la vague #MeToo.

«Ce n’est pas à moi de juger, punir ou condamner, mais la présence d’Ibrahim Maalouf devenait de plus en plus problématique pour la bonne tenue, sereine, d’un festival qui fête son 50e anniversaire, qui est aussi ma première édition et que je souhaite porter avec clarté et transparence», a-t-elle expliqué. Ibrahim Maalouf avait été accusé il y a plusieurs années d’agression sexuelle sur une mineure de 14 ans, une affaire dans laquelle il a été relaxé en 2020.

Selon Aude Hesbert, la décision a été «difficile», mais elle «[l’assumera] jusqu’au bout». La présence annoncée le 8 août d’Ibrahim Maalouf dans le jury a suscité «beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux et dans les médias, un malaise s’est installé dans l’équipe», argue-t-elle auprès de nos confrères. L’avocate du trompettiste, Me Fanny Colin, a dit regretter que «le festival de Deauville sacrifie un innocent sur l’autel du principe suprême “the show must go on” pour des intérêts mercantiles», dans un message transmis à l’AFP samedi soir.

«Il combattra cette éviction injuste devant les tribunaux», annonce son avocate

«Le festival a demandé à Ibrahim Maalouf de se “retirer en toute discrétion”, ce qu’il a évidemment refusé», a ajouté l’avocate. «C’est omettre en effet que relaxé et reconnu publiquement innocent, c’est tout aussi publiquement et devant les tribunaux qu’il combattra cette éviction injuste et déshonorante pour ses auteurs», indique-t-elle encore.

Cette édition du festival de Deauville était déjà marquée par une première affaire : la nouvelle directrice du festival a succédé à Bruno Barde, en retrait après des accusations d’agressions sexuelles dans Mediapart. Aude Hesbert indique toutefois qu’elle va «prolonger [le] travail sur la cinéphilie» mené par Bruno Barde, «tout en y apportant [son] ADN ainsi qu’une nouvelle forme de gouvernance». «Une charte contre les violences sexistes et sexuelles pour éviter tous les abus de pouvoir, même au-delà de MeToo» doit être publiée au début du festival, détaille-t-elle : «Nous serons extrêmement vigilants sur ces sujets à l’avenir».