Séoul, été 1979. Sir Laurence Olivier a été sur scène Hamlet, Richard III, Macbeth. Il est l’un des plus grands acteurs de son temps. Chez Shakespeare, il n’a jamais tenté le truculent et bouffon Falstaff. Mais là, entre deux prises sur le tournage d’Inchon, il est dans la même position que le personnage mourant dans Henry V : au lit. Olivier, 72 ans et affaibli par les séquelles d’un cancer et d’une maladie musculaire, se ménage sous une tente, se préserve de la canicule. Il porte des gants pour empêcher ses mains de trembler. Mais lorsque c’est sa scène, le briscard retrouve toute son énergie. Il est le général Douglas MacArthur, le pugnace chef d’état-major qui mena le débarquement des troupes américaines à Inchon le 15 septembre 1950, une bataille décisive de la Guerre de Corée. Olivier éructant et cabotinant sur commande, pipe à la main : c’est le seul miracle régulier d’un film dont son producteur Mitsuharu Ishii jurait que Dieu en personne lui avait ordonné de le faire. Dieu omit de le prévenir qu’Inchon serait un flop épique.
Avec Olivier et, à la réalisation, Terence Young (responsable des premiers James Bond), le dispendieux naufrage avait pourtant un prestigieux pedigree. Sans compter Ben Gazzara, Jacqueline Bisset ou Toshirō Mifune au casting. Bruce Surtees, collaborateur régulier de Clint Eastwood, en est le directeur de la photographie. A la musique, il y a Jerry Goldsmith, au CV stellaire (de la Planète des Singes à Patton<