«Le harcèlement sexuel est omniprésent» dans le cinéma du Kerala et «les hommes de l’industrie exigent ouvertement et sans scrupule des relations sexuelles, comme s’il s’agissait d’un droit». Avec ces mots, le rapport de la commission Hema sur les conditions de travail des femmes dans le cinéma du sud de l’Inde, rendu public le 19 août, chamboule le monde patriarcal du septième art du Kerala. Car il détaille de manière clinique le jeu toxique de pouvoir imposé par ses grandes stars masculines, réalisateurs, acteurs ou producteurs. «Dès les premières rencontres ou contacts, il est demandé aux femmes si elles sont prêtes à “s’adapter” et à “faire des compromis”», relate le document de 290 pages – dont une cinquantaine ont été coupées pour préserver certaines informations personnelles. Ces deux expressions, métaphores évidentes pour des faveurs sexuelles en échange d’un rôle, reviennent régulièrement dans la bouche des dizaines de personnes interrogées. D’autres femmes disent avoir été harcelées la nuit dans leur chambre ou touchées devant toute l’équipe sur les plateaux. Avec, à chaque fois, la menace d’être ostracisées si elles se défendent ou protestent.
Le cinéma du Kerala produit entre 200 et 250 longs métrages par an, en langue malayalam – d’où son surnom de Mollywood – et a entre autres offert le Trône de la mort de Murali Nair<