«Comme avait dit mon père, les assassins sont vraiment parmi nous», a déclaré Mona Mehrjui aux funérailles de son père mercredi 18 octobre. Le cinéaste Dariush Mehrjui, et sa femme, Vahideh Mohammadifar, scénariste, ont tous deux été retrouvés poignardés dimanche 15 octobre dans leur maison de la banlieue de Téhéran. La police iranienne a annoncé ce jeudi 19 octobre avoir arrêté le principal suspect : «Le principal meurtrier a été identifié, parmi les personnes arrêtées par la police, à la suite d’examens techniques et d’interrogatoires croisés», a indiqué la police, citée par l’agence de presse Tasnim. «Les interrogatoires sont toujours en cours pour identifier les complices et les aspects cachés de ce meurtre», a-t-elle ajouté. La police a arrêté dix personnes dans le cadre de son enquête, selon l’organe du pouvoir judiciaire Mizan Online. Un responsable de la justice locale a précisé que «des différends personnels entre l’accusé et les victimes» seraient à l’origine du meurtre, sans spécifier lesquels.

Le ministre de l’Intérieur, Ahmad Vahidi, écartait mercredi tout «lien entre le meurtre de Mehrjui et les assassinats en série» des intellectuels dissidents en novembre 1998 commis par la police secrète du pays. Ces crimes avaient été imputés par le gouvernement à des «éléments incontrôlés» du ministère des Renseignements, qui ont été condamnés à des peines de prison allant jusqu’à la perpétuité.

Vahideh Mohammadifar avait posté sur son compte Instagram un message évoquant un cambriolage (ordinateur, appareil photo et instruments de musique…) mené par un individu qui l’avait menacée avec un couteau. Elle s’était exprimée sur cette affaire dans un entretien publié par le journal Etemaad. Les circonstances de cette double mort restent encore floues mais l’émotion ressentie en Iran à l’annonce de ce crime semble avoir incité la police à ne pas perdre de temps.

Dariush Mehrjui était un pionnier du nouveau cinéma iranien, son long métrage la Vache (1969) est un classique, et son œuvre est jalonnée de films qui ont été remontés, coupés, bloqués car cet esprit libertaire, ayant étudié à Los Angeles et passé du temps à Paris où il avait signé un film sur Rimbaud, a multiplié les fictions insolentes. A ses obsèques, on notait la présence de ceux qui se considèrent comme ses héritiers, Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof qui avaient été jetés en prison par le régime en juillet 2022 et finalement libérés après une importante campagne de mobilisation internationale.