Le cinéaste Jafar Panahi n’était plus venu à Cannes depuis 2010. Privé de passeport par le régime iranien, il a pu récupérer ce précieux document l’an dernier. On a pu le rencontrer à chaud alors qu’il sortait de la projection de gala triomphale d’Un simple accident où il a tenu à dédier la séance à tous les cinéastes encore empêchés de tourner dans son pays.
Avec ce film, plus de détour, plus de gant. On a l’impression que vous boxez le régime à main nue…
Je suis toujours inspiré par ce qui m’entoure, et quand ce qui m’entourait, c‘était la rue, la vie dans la société iranienne, c‘était peut-être plus doux. A présent qu’on m’a mis en prison, on m’a en quelque sorte soufflé un sujet. La République islamique m’a tendu cette perche-là. A elle d’assumer que quand on enferme un artiste, on ne sait pas ce qui peut en ressortir. J’espère qu’ils ont assez de jugeote pour ne plus emprisonner des artistes après ça, mais j’en doute.
Critique
Quelle est votre situation administrative, légale, aujourd’hui ?
Sur le plan formel, toutes les contraintes, les décisions de justice que j’étais censé respecter n’ont plus cours, je n’ai plus d’interdiction de voyager, d’écrire ou de tourner un film. Pour autant, étant donné les thèmes que j’aborde, il n’est pas question que je suive la voie légale qui consiste à demander une autorisation aux instances officielles et de leur soumettre le scénario. Si bien que je continue de travailler exactement dans les mêmes conditions d’illégali