Beaucoup de jeunes homos ont entamé ado leur quête initiatique sexuelle en feuilletant secrètement les pages slips hommes de La Redoute, troubles éclairés de nuit à la lampe torche. D’autres, bien plus chanceux, seront tombés par hasard sur le sublime Pink Narcissus, petit bijou de film homo extra-kitsch coulant d’érotisme, de 66 minutes et quelques gouttes de sperme, créé anonymement en 1971 – attribué à tort tantôt à Andy Warhol, tantôt à l’empereur de l’underground Kenneth Anger – avant d’être revendiqué en 2001 par James Bidgood, cinéaste, costumier, décorateur et photographe. Le film, tourné en Super 8 sur sept années (1963-1970) dans un petit appart du quartier de Hell’s Kitchen à New York, met en scène un éphèbe aux lèvres pulpeuses et fesses rebondies (l’acteur Bobby Kendall), épris de son image, qui tour à tour endosse le rôle d’un toréador, un sultan, un prostitué… pénétrant tendrement le sol ou léchant ses doigts dans l’écrin d’un monde Technicolor à la peau carton-pâte, garni de miroirs et de lumières flashy, roses, bleues ou or. Si le film est aujourd’hui un immanquable de la culture queer, digérée et recrachée par la pop comme elle sait si bien le faire, i
Disparition
James Bidgood, tout de queer dévêtu
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Bobby Kendall dans «Pink Narcissus» (1971) de James Bidgood. (Everett / Aurimages/Everett / Aurimages)
par Jérémy Piette
publié le 1er février 2022 à 16h07
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