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Libération
Critique

«Je le jure» de Samuel Theis fait feu de toute loi

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Cas d’école de film entaché par une accusation de violence sexuelle sur le tournage, le long métrage sort finalement en salles. Suivant avec prévenance le procès d’un pyromane du point de vue d’un juré d’assises, le récit finit par étreindre trop de sujets.
Outsider discret, étranger à la crânerie virile de son milieu, Fabio (Julien Ernwein) ignore tout du monde codifié où il atterrit. (Ad Vitam Distribution)
publié le 25 mars 2025 à 16h53

De Justine Triet à Alice Diop, de Cédric Kahn à Samuel Theis, on ne compte plus les films de procès ces dernières années. Théâtres froids de la procédure et odyssée grise de la morale, ils nous racontent de quoi les obsessions du présent sont faites : soif de réparation, ère du soupçon, brûlure du doute, aporie de la vérité, impossible mise à plat des faits, rien que les faits, car les êtres y résistent, ils sont en volume. Et l’on y voit de plus en plus mal à vouloir éclairer tous leurs recoins. Samuel Theis retourne ici filmer sa Lorraine natale, territoires de l’industrie désaffectée, où un ouvrier de recyclerie sans perspectives est tiré au sort comme juré d’assises. Outsider discret, Fabio ignore tout du monde codifié où il atterrit. Il devra juger du sort en appel d’un pyromane déjà condamné pour homicide involontaire, jeune homme à problèmes dont la culpabilité ne fait pas mystère. L’intéressant parti pris de Je le jure est de déplacer le suspense ailleurs, car le doute porte sur la capacité ou non de l’accusé à «s’améliorer». Autrement dit, tirer profit de l’éventuelle clémence de la peine, dans un système présenté comme défectueux d’avance puisqu’il réprime plu