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Libération
D'après une histoire vraie

«Je suis toujours là» de Walter Salles, crever l’absence

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Douze ans après son dernier film, Walter Salles raconte avec force et émotion le deuil impossible qui a frappé les Paiva, une famille bourgeoise de Rio, après l’arrestation arbitraire et la disparition du père en pleine dictature militaire.
Fernanda Torres, primée aux Golden Globes, fascine dans le rôle d’Eunice Paiva. (StudioCanal)
publié le 14 janvier 2025 à 16h25

La période de la dictature militaire au Brésil (1964-1985) à la suite du coup d’Etat de 1964 a toujours inspiré à une partie de la population la plus à droite la vigoureuse nostalgie d’un supposé «âge d’or». Jair Bolsonaro et ses soutiens n’ont eu de cesse de clamer leur admiration pour les riches heures de la junte, trouvant même qu’elle n’avait pas été assez cruelle et radicale avec ses opposants. La rage de ce néofascisme tropical a puisé un regain de violence après les auditions publiques de la Commission nationale de la vérité (CNV) qui commença ses travaux en 2012 sous l’impulsion de la présidente de l’époque, Dilma Rousseff.

Jusqu’alors, les commissions mises en place en 1995 et 2001 avaient donné voix et reconnaissance aux victimes mais ne désignaient pas de coupable. Il faut attendre le rapport de la CNV en 2014 pour que les enlèvements, tortures et exécutions soient désignées comme le fait d’une politique d’Etat avec une liste de près de 400 fonctionnaires incriminés à plusieurs niveaux. Cette mémoire de la dictature et le silence qui l’a recouverte sur le long terme sont revenus en force dans le pays avec la sortie en novembre d’Ainda Estou Aqui