Seuls ceux qui auscultent de tout près sa carrière savaient que Jeff Nichols n’en avait pas fini avec le cinéma. Cinéaste adulé tôt dans sa carrière, né à Little Rock en 1978, l’Arkansasais fut comme investi à l’heure de ses succès critiques (Shotgun Stories, Take Shelter) d’une lourde responsabilité paradoxale, celle de sauver du péril une certaine idée du cinéma américain (Carpenter, Eastwood) et de le réinventer. Dont acte avec un chapelet de très beaux films réinvestissant le terroir d’un certain classicisme tout en suscitant le désir sur la foi de leur seul synopsis – qu’on se souvienne du fantasme entretenu autour de Midnight Special, néo E.T. qui permit à Jeff Nichols de se placer dans le sillon d’un Spielberg.
Mais à Hollywood, le fantasme ne suffit plus. Trop attaché à ses privilèges d’auteur et à une certaine brutalité des images et des sentiments, Nichols s’est retrouvé sur la touche après les déceptions commerciales et critiques de Midnight Special et Loving, tous les deux sortis en 2016. The Bikeriders brise ainsi un hiatus de huit ans, pendant lesquels l’Américain s’est empêtré