Né dans le New Jersey en 1926, pitre sensationnel, émergé dans les années 40 comme moitié d’un duo musical avec Dean Martin, Jerry Lewis renaissait plus tard en auteur-interprète solo d’une riche œuvre comique : le Dingue du palace (1960), le Tombeur de ces dames (1961), Le Zinzin d’Hollywood (1961)… Tous ses films de réalisateur sont réunis dans une rétrospective qui s’ouvre ce mercredi à la Cinémathèque.
La manière qu’avait le burlesque de s’emparer du corps et du visage grimaçant de Jerry Lewis, comme s’il ne fallait gâcher aucun geste ni contorsion, éclaire l’engouement de la critique française à l’époque pour ce clown sans gêne. Ou plutôt, parvenant à requalifier des situations humiliantes en manne comique, intransigeant dans la bêtise comme dans l’autodénigrement. De l’hôtel de luxe où un groom simplet multiplie les corvées, à une pension de jeunes filles, stupéfiante maison de poupée grandeur nature, une unité de lieu suffit à ce que Lewis y orchestre une somme inépuisable de gags visuels.
L’ensemble est aussi redevable au cinéma muet qu’à l’univers des comédies musicales, avec un usage parfois extatique de la couleur. Qui n’aurait encore jamais rencontré son Docteur Kelp dans Docteur Jerry et Mister Love (1963), laideron timide et complexé, qu’un elixir métamorphose en latin lover gominé, en aura pour son argent. Et comprendra sûrement pourquoi Jerry Lewis est resté l’acteur comique préféré de tous nos acteurs comiques préférés.