Quatrième film de Pietro Germi réédité par Tamasa, or le nom du cinéaste italien n’est toujours pas gravé en lettres de feu sur la devanture des cinémathèques du monde libre – c’est à vous dégoûter de faire ce métier. Après le Chemin de l’espérance, Au nom de la loi et son incontestable chef-d’œuvre Séduite et abandonnée, crochet par les tout débuts avec Jeunesse perdue, deuxième long métrage du réalisateur, sorti en 1948. Choix pas banal mais qui a ses raisons : sans être une évidence dans la filmographie de Germi, Jeunesse perdue est un cas flagrant, plutôt rare et franchement brillant, de croisement entre néoréalisme italien et film noir à l’américaine. Marmaille piaillant dans la cuisine et butors enchapeautés en costumes sombres, cafés sur comptoir craquelés et néons dans la pénombre : tout y est, impeccablement équilibré et parfait de tempo, balancé sec, rustre et sans miel.
A Rome, un homme est tué lors d’un braquage. Soupçonnant une bande d’étudiants, un inspecteur s’infiltre à l’université. S’ensuit le tableau cinglant et hautement stylisé d’une jeunesse en plein échec social dans une société amorale, incapable de remonter la pente de la Seconde Guerre mondiale. Avec au centre, Stefano Manfredi, psychopathe au visage de cire et à la silhouette fuselée interp