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«Joaquin Phoenix, l’angoisse est un métier», angoissez qui vous voudrez

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Dans son livre documenté et romanesque «Joaquin Phoenix, l’angoisse est un métier», le critique Yal Sadat retrace la carrière de l’acteur tortueux et torturé.
Joaquin Phoenix en 2020. (Variety/Penske Media. Getty Images)
publié le 15 mars 2025 à 13h47

«A quarante-cinq ans, déclarait Joaquin Phoenix en 2020, j’ai toujours peur qu’un enfant de six ans puisse se moquer de moi.» Pas besoin d’effort d’imagination surdimensionné pour le croire sur parole. Joaquin Phoenix, l’acteur à «figure de reptile», marié au dégoût de soi, troublante épave du cinéma américain : ainsi le désigne le livre de Yal Sadat au sous-titre on ne peut plus adapté à ces temps désaxés, citant Paul Valéry : «L’angoisse est un métier». Le livre simule l’omniscience d’un narrateur de fiction qui saurait tous les faits et gestes de Phoenix, avance par bribes biographiques et à grands sauts avec une déstabilisante licence romanesque, adossée à un évident travail de recherche. Ça commence par un épisode méconnu du tournage des Frères Sisters, où l’acteur, en autarcie totale, irrité par la méthode du non-anglophone Audiard et boudant toutes les tentatives de team building, décide de faire sa confidente d’une photographe de plateau qui n’en demandait pas tant. Détour par le trauma originel : l’overdose du frère River, l’astre blond sans qui ne reste plus que le vilain petit canard à faux bec-de-lièvre, qui prit symboliquement la suite de l’a