C’était une rumeur depuis quelques jours, c’est maintenant confirmé par les organisateurs de la soirée des césars : vendredi soir, Judith Godrèche prendra bien la parole au cours de la cérémonie pour dénoncer une nouvelle fois les violences sexuelles et sexistes dans le cinéma. La comédienne, réalisatrice et autrice, dont la série Icon of French Cinema a été diffusée fin décembre sur Arte, a annoncé porter plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour des violences sexuelles et physiques qui remonteraient à son adolescence. Concernant Jacquot, il s’agit d’une plainte pour «viols avec violences sur mineur de moins de 15 ans» commis par personne ayant autorité. Le Monde révélait le texte préparatoire à son audition par la brigade de protection des mineurs de la police judiciaire de Paris : «J’aurais voulu que Benoît accepte d’être mon ami, de ne pas m’avoir, je ne voulais pas de son corps. Très vite, il me dégoûtait.» Elle tourne à 15 ans dans les Mendiants de Jacquot, sorti en 1988, début d’une relation dont elle a rendu publics des éléments longtemps tus, tels que gifles, coups de ceinture et coups de poing administrés par celui qui menait dans le même temps une carrière d’auteur estimé, enchaînant les longs métrages. Concernant Doillon, elle a évoqué un moment durant le tournage de la Fille de quinze ans, plus de 45 prises où le cinéaste «me pelote, me roule des pelles». Une plainte pour viol sur mineur a été déposée. L’ensemble des faits se seraient déroulés sur la période couvrant 1986 à 1992.
Judith Godrèche sera par ailleurs entendue au Sénat le jeudi 29 février. L’actrice doit être reçue à partir de 9 heures par la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, selon l’institution. L’audition sera retransmise sur Public Sénat. «Entendre son témoignage est important, car les membres de la délégation travaillent pour que les situations de violence sur mineurs qu’elle décrit n’arrivent plus et soient sanctionnées», a déclaré sur cette chaîne la présidente de la délégation et sénatrice, Dominique Vérien (Union centriste).
Le journal la Tribune a révélé un sondage interrogeant un panel de Français sur les violences sexistes et sexuelles dans le cinéma : il y apparaissait qu’un Français sur deux estime qu’il est acceptable de «ne pas remettre pendant la cérémonie des césars le prix à un film lorsque l’un de ses acteurs ou son réalisateur est accusé (mais pas condamné par la justice) par une ou des femmes de comportement sexiste». 67 % considèrent même comme un «progrès» qu’une personnalité condamnée ne puisse retrouver son métier après avoir purgé sa peine.
La 49e cérémonie des césars, présidée cette année par Valérie Lemercier, doit remettre un césar d’honneur à Agnès Jaoui et à Christopher Nolan.