On ne sait pas ce que serait le cinéma sans Julianne Moore, simplement l’une des plus grandes actrices actuelles – qu’écrire sinon des mots enflammés pour dire ce qu’il lui doit ? Mais l’on sait ce que le premier long métrage en anglais de Pedro Almodóvar, la Chambre d’à côté, est en partie grâce à elle : une étreinte d’amitié en plein hiver, une féerie sur la mort du point de vue des vivants et de la beauté, un amour de film, qu’on pourrait résumer à une longue conversation poursuivie jour après jour entre deux femmes, sur fond de rêverie new-yorkaise. L’une, reporter de guerre, est malade d’un cancer (Tilda Swinton). L’autre, romancière à succès, devient une confidente après l’avoir perdue de vue depuis des années. Et accepte de l’accompagner dans son projet d’une mort digne, caché sous la gaieté et l’extrême douceur d’un séjour au vert, dans une luxueuse maison en bordure de forêt. Rejoignant comme une évidence la galerie de femmes almodovariennes, Julianne Moore rayonne dans le rôle d’Ingrid, taillée dans la couleur de tenues à se pâmer, reine du mélodrame feutré devant d’abracadabrantes coupes de fruits.
Nouveau rôle en or pour l’actrice de 64 ans envers qui Hollywood, phénomène rare, a intensifié et multiplié les égards avec les années. Devenue égérie sirkienne pour Todd Haynes en cinq films et trois décennies (de Safe au magistral