On connaît cette histoire. On entendait la même musique (souple et nébuleuse, signée Bertrand Belin) dans notre tête en feuilletant le livre de la bédéaste Camille Jourdy, Juliette. Les fantômes reviennent au printemps. On en reconnaîtrait presque les coups de pinceaux, nets et ouverts, les amas de feuilles et les couleurs, luxuriantes, ceux de Jourdy qui s’offre une alter ego illustratrice dans le récit en Juliette (Izïa Higelin) et dont Blandine Lenoir fait apparaître, ici ou là, les mains au travail, voire l’anime en cauchemars éveillés.
Comme Jourdy tantôt, Juliette loue les services de sa plume à des livres pour enfants, au grand dam de Nathalie, sa mère (Noémie Lvovsky), peintre libérée des conventions (en vérité : une dragonne) qui n’aime que les félicitations ayant trait à ses peintures (de vulves, de fesses) et qui trouve que sa fille, plutôt que de dessiner pour les bambins, ferait mieux de s’émanciper. Elle est venue à Saint-André-de-Corcy, où elle a grandi, passer quelques jours, ni plus ni moins, et le film la raconte au gré du temps passé avec son père aimable (Jean-Pierre Darroussin), sa sœur Marylou (Sophie Guillemin) vener et adultère (elle couche dans la serre du jardi