Jeune femme d’une vingtaine d’années, Fereshteh n’a jamais avoué à sa famille l’existence de son bébé, né d’une histoire sans lendemain, sous les radars de l’état civil. Alors que ses parents sont de passage à Téhéran le soir même, le temps presse pour dissimuler chez elle toute trace de l’enfant illégitime et trouver la bonne âme qui la dépannera d’un baby-sitting pour une nuit. Tel est l’enjeu, tout à la fois dérisoire et immense, de ce film anxiogène, ramassé sur une unique journée compte à rebours, à arpenter la ville en tous sens. Le film déploie l’éventail de personnages sollicités pour rendre le service maudit, dans un rayon de proximité amicale de plus en plus éloigné, bientôt élargi aux parfaits inconnus. Les uns et les autres se dérobent pour des raisons parfois laissées dans le flou, craignant peut-être autant de transgresser la morale que la loi, pas toujours fermés à l’idée qu’on leur graisse la patte.
Se ronger les sangs
On sait le cinéma iranien adepte de ce genre de film-système (usage obligé du mot «kafkaïen», option «dédale», sous nos plumes de critiques à qui l’on ne peut rien cacher), soit un diagnostic sur la petitesse de l’individu face à la machine sociale, et, éventuellement, un boulevard offert à la cruauté du scénario. Etonnamment, le film d’Ali Asgari, par-delà sa redoutable mécanique, touche à quelque chose de doux et précieux entre les engrenages : un flou, des sursauts de grâce qui regardent vers les Dardenne de