On est pas bien là, sur la plage, à écouter un prix Nobel de littérature parler de monstres aquatiques à sept têtes avec un délicieux accent british ? Ou est-ce une hallucination due à la fatigue ? A Cannes pour l’adaptation de son livre Lumière pâle sur les collines par Kei Ishikawa, présenté à Un certain regard, Kazuo Ishiguro a répondu au questionnaire cinéphile de Libé.
La première image ?
A Nagasaki, quand j’étais petit, vers 1958 ou 1959, je suis allé voir trois fois le même film. Je ne me souviens pas du titre, mais il y avait un monstre qui sortait de l’eau, avec sept têtes. A chaque fois que nous arrivions à cette scène, j’étais trop effrayé pour continuer. Puis le lendemain, j’insistais pour aller le revoir. Trois fois. Je n’ai jamais vu le reste du film, mais je m’en souviens encore très bien.
Le chef-d’œuvre dont tout le monde vous parle et que vous n’avez jamais vu ?
Je regarde environ huit films par semaine, donc il n’en reste pas beaucoup… Mais je n’ai jamais vu Forrest Gump. Il y a deux ans, j’étais à un dîner et j’étais assis à côté du scénariste [Eric Roth, ndlr]. J’étais très gêné… Je ne pouvais pas lui dire.
Un film qui en sait long sur vous ?
C’est un peu évi