Menu
Libération
Exposition

Kenji Misumi à la Cinémathèque française : une rétrospective de sabre fin

Article réservé aux abonnés
Des films de samouraïs aux mélodrames inédits, l’œuvre sanglante et cathartique du cinéaste japonais disparu en 1975 est célébrée dans une riche rétrospective à la Cinémathèque.
«La Légende de Zatoichi. Le Masseur aveugle», de Kenji Misumi (1962). (Kadokawa Corporation)
publié le 20 avril 2024 à 7h07

Connaissez-vous le chant du sabre lorsqu’il tournoie dans les airs avant de s’enfoncer dans les chairs et de sectionner les corps de ses malheureuses victimes ? «Chan chan bara bara…» C’est à cette chuintante mélodie que le bien nommé chanbara ou film de sabre japonais doit son nom. Et nul doute que Kenji Misumi (1921-1975), qui en fut l’un des artificiers les plus virtuoses et inventifs n’aura pas oublié l’origine sonore de ce genre essaimant la majeure partie de sa filmographie.

Ultraviolence carnavalesque

En premier lieu parce qu’il apporta un soin particulier aux bandes-son de ses films, soulignant d’effets cinglants les plus baroques de ses scènes de combats, pyrotechnies graphiques où l’éclat aveuglant de la lame fusant à la vitesse de l’éclair, coupe, tranche et explose en geysers de sang, des volées de membres épars et d’organes sanguinolents, jusqu’à atteindre dans la série de films cultes Baby Cart, relecture pop et maniériste du genre, des sommets d’ultraviolence carnavalesque.

Mais surtout parce qu’il y a quelque chose de musical dans la grammaire de son cinéma, dans sa composition du cadre, dans sa maîtrise de l’espace et du plan large, affrontements souvent filmés de loin, qu’alternent inserts et gros plans, dans sa science du montage impulsant un rythme si