Au rang des séries westerns, il y eut Deadwood, qui se situait aux origines fangeuses de la construction du pays, et il y a Yellowstone, qui se place à l’autre bout de la chronologie : regarder aujourd’hui ce qui reste de cette construction. Dans ce Montana actuel où tout semble non pas figé dans le temps mais plutôt dans une intemporalité proprement américaine, grands propriétaires terriens, dirigeants amérindiens et promoteurs immobiliers se font une guerre placide cachée derrière des bureaux d’avocats ou de politiciens ; elle a remplacé les duels au soleil mais on n’est tout de même pas à l’abri, çà et là, d’une balle perdue ou d’un incendie accidentel pour emmerder le voisin.
Autant Deadwood était hystérique, sale, outrancière, autant Yellowstone est élégante, posée, fluide. Mais ce qui se joue est tout aussi violent. Au cœur du récit, le puissant ranch Dutton et sa famille implantée depuis la ruée vers l’or, tenu d’une main de fer par son patriarche (Kevin Costner) avec un zeste d’idéalisme et une bonne part de monstruosité rentrée, autant envers ses enfants que les intrus qui foulent ses terres.
Assez vite, on se désintéresse des luttes intestines à la fois familiales et territoriales, parfois artificiellement compliquées, qui agitent tout ce petit monde, pour se laisser bercer par les deux choses que Yellowstone fait le mieux : filmer les grands espaces américains et filmer Kevin Costner dans ces grands espaces. Chapeau de cow-b