Pas de doute, l’œuvre d’Abbas Kiarostami est monumentale. Disparu en 2016, le cinéaste iranien, palme d’or pour le Goût de la cerise, en 1997, avait accédé à la reconnaissance au début des années 90 avec Au travers des oliviers, première d’une longue série de sélections à Cannes. Cette légitimation dans le cercle des auteurs internationaux familiers des grands festivals et l’importance objective de sa filmographie comme jalon essentiel du cinéma moderne ne doivent pourtant pas masquer la liberté et l’humilité d’une œuvre qui n’est pas constituée seulement de chefs-d’œuvre, mais a toujours laissé de la place pour l’expérimentation, le jeu, une forme de recherche permanente, active au sein des grands films comme dans les à-côtés (photographies, poèmes, installations). La programmation de l’intégrale de ses films en salles, le coffret DVD édité par Potemkine, ainsi que l’exposition qui vient d’ouvrir au centre Pompidou sous le titre «Où est l’ami Kiarostami ?» sont autant d’occasions non seulement de retrouver les plus grands films du maître persan mais également de découvrir vingt ans de travail documentaire au sein du Kanoun. Ce centre pédagogique fondé en 1965 par la femme du chah, et qui a survécu jusqu’à aujourd’hui, a produit plus de vingt films de Kiarostami, de son premier court métrage le Pain et la Rue (1969) jusqu’à Et la vie continue (1992), soit tout un pan méconnu et inaugural de son œuvre enfin accessible, après une restauration méticu
Ciné
Kiarostami majeur
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«Le Passager» (1974) d’Abbas Kiarostami. (KANOON)
par Laura Tuillier
publié le 22 mai 2021 à 9h56