On voit passer trop de films insignifiants qu’on reconnaît de loin, à ce qu’ils se donnent beaucoup de mal pour bander les muscles, pour prétendre au pedigree, la griffe d’auteur validée et festivals. Ce mercredi débarque l’air de rien Klára déménage. Ce genre de longs métrages se rencontrent peu, beaux «films irremarquables» qu’il faut, pour cette raison, ne pas louper.
Duras aurait aimé, de cette série d’allées et venues, l’originalité banale, et Chantal Akerman peut-être se serait divertie de la chorégraphie grise et précise de ce déménagement in extenso suivi et relaté, du matin jusqu’au soir, sur une heure et demie. C’est que le déménagement vu par la Hongroise Zsófia Szilágyi représente comme chez la réalisatrice belge une forme d’exil. Comme la Vie matérielle telle qu’observée par Duras est rendue admirablement et discrètement dans ce deuxième long métrage, d’un minimalisme sans apprêt : on porte la caméra comme les cartons et l’on suit pareil les trajets