On voit ce qui a suscité chez Emmanuel Finkiel le désir d’un film dans la Chambre de Mariana, le roman d’Aharon Appelfeld. Cette évidence se fait progressivement, à mesure que la situation s’installe, que le dispositif optique s’intensifie, que s’incarne de plus en plus (se remplit d’images, de sensations) la façon précise dont les choses nous sont données à voir. C’est la disposition des lieux – trois espaces communicants – qui fait le récit et qui ordonne la mise en scène. Le placard, la chambre, le dehors. Dehors, c’est apparemment la ville ukrainienne de Czernowitz, en 1943, occupée par l’Allemagne nazie. Une nuit, Hugo, un jeune garçon de 12 ans, est confié par sa mère à son amie d’enfance Mariana. Il est juif, elle ne l’est pas. Elle travaille comme prostituée dans une maison close, où défilent les soldats allemands et les collabos du coin. Mariana recueille donc Hugo dans sa chambre, en cachette du reste de la maison, et lui fait un lit clandestin dans le réduit étroit et sans lumière, qui ferme par une petite porte, où elle range ses vêtements. Là, allongé parmi les robes dans le noir, Hugo passe toute la fin de la guerre.
Ce troisième espace est le cœur sombre du film, la source de son point de vue, l’endroit (en même temps que l’envers) de tout ce qu’il nous fait percevoir. L’extérieur parvient d’abord à