Hier encore, Netflix était désigné comme le fossoyeur du cinéma français. Aujourd’hui, l’empereur hégémonique de l’audiovisuel mondial cofinance pour un montant secret (c’est la charte des mécènes de la Cinémathèque qui l’impose) la reconstruction de Napoléon d’Abel Gance, chef-d’œuvre muet de 1927. En joignant ses efforts à ceux du CNC, qui subventionne à hauteur de 650 000 euros, et à la Fondation Napoléon, la plateforme formalise son opération séduction sur le terrain du patrimoine, après l’acquisition retentissante de catalogues d’auteurs en 2020 (Truffaut, Demy, Chabrol, Sautet…), ainsi qu’un rapprochement avec la Cinémathèque française amorcé par les avant-premières de The Irish Man de Scorsese et de Mank de David Fincher.
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A entendre Jean-Christophe Mikhaïloff, directeur de la communication de la Cinémathèque, réunir les 2 millions d’euros manquants à l’achèvement du chantier Napoléon n’a pas été une promenade de santé. «C’est plus de dix fois le coût moyen d’une restauration classique et quasiment 10 % du budget annuel global de la Cinémathèque française. Le premier partenaire à nous avoir dit “OK, on vous suit” est le CNC. Mais on est arrivé au bout de la subvention après quelques années de travaux et il a fallu refaire appel à la générosité publique ou privée. Netflix a accepté de mécéner sans contrepartie la reconstruction d’une œuvre majeure de l’histoire du cinéma. Le deal était : “Vous voulez envoyer une preuve d’amour à la France e