Peut-être la vaste confusion des genres sur laquelle vivote l’Académie des césars depuis des lustres, à la faveur de son show télévisuel annuel, n’a-t-elle que trop duré : faut-il vraiment qu’une fois l’an des gens dont le cinéma est la passion première et le métier s’ingénient à fabriquer pour diffusion en direct trois à quatre heures de télé médiocre, ce qui est aussi un genre d’art en soi et un métier (mais pas celui des mêmes) ? Vue d’un open space désolé à la rédaction de Libé vendredi, la cérémonie 2021 n’a pas paru échapper à cette increvable aporie, qui sécrète chaque année depuis 1976 ses éclats de vérités parfois cruelles, sur la façon dont le cinéma français se représente à lui-même et l’idée plus ou moins glorieuse que celui-ci se fait des attentes des téléspectateurs lorsqu’ils sont plus nombreux que dans les salles pour la plupart des films de l’année.
Kermesse corpo
Malgré les réformes engagées en coulisses au nom d’un louable souci de meilleure représentativité, au vote comme sur scène, ces césars rénovés s’apparentent toujours à l’étrange exercice d’improviser, le temps d’un soir, la transposition des logiques du petit écran aux choses du grand. Et l’on peut reconnaître à ceux qui s’y risquent une certaine audace, mais s’y ennuyer non moins ferme. Sauf quand l’ordinaire climatisé de ce cérémonial déraille tou