On trouvera ça logique ou bien paradoxal, mais la Femme la plus riche du monde ne nous donne pas grand-chose à manger. Pourtant il n’est pas pingre, plutôt prodigue, riche en détails : anecdotes tirées ou extrapolées de l’affaire Bettencourt-Banier, costumes, décors, coiffures, intonations, dialogues, petites piques, petites touches. Les métiers du cinéma sont représentés. Pourtant on rame, on galère à percevoir l’ensemble, à capter ce qu’on appelle, souvent par paresse, «le point de vue» : ici, ce qui n’est point vu. Ou bien un point de vue au cinéma vient-il précisément de ce qui ne se voit pas, de ce qui reste ou qui est laissé en dehors, écarté pour y voir plus clair.
Ici au contraire, tout y est, il y a tout, il y a trop. On fait mine de comprendre tout le monde, tout le monde a ses raisons, bien qu’ils s’entredéchirent et qu’ils soient tous grotesques : ce sont des monstres, mais ils sont humains, ce genre de subtilité dialectique, subtilement de droite. Manque ce qui pourrait un peu trancher. Tranchante, évidemment qu’Isabelle Huppert l’est, comme à son habitude, actrice d’un double tranchant : l’aigu et