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Critique

Inspiré de l’affaire Bettencourt, «la Femme la plus riche du monde» pèze une tonne

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A vouloir réchauffer à tout prix la «froideur bourgeoise» pour en faire un film mainstream, le réalisateur Thierry Klifa se brûle un peu les doigts, malgré une Isabelle Huppert tranchante.

Isabelle Huppert pose en avatar de Liliane Bettencourt séduite par un double de François-Marie Banier (Laurent Lafitte). (Haut et Court)
Publié le 28/10/2025 à 13h23

On trouvera ça logique ou bien paradoxal, mais la Femme la plus riche du monde ne nous donne pas grand-chose à manger. Pourtant il n’est pas pingre, plutôt prodigue, riche en détails : anecdotes tirées ou extrapolées de l’affaire Bettencourt-Banier, costumes, décors, coiffures, intonations, dialogues, petites piques, petites touches. Les métiers du cinéma sont représentés. Pourtant on rame, on galère à percevoir l’ensemble, à capter ce qu’on appelle, souvent par paresse, «le point de vue» : ici, ce qui n’est point vu. Ou bien un point de vue au cinéma vient-il précisément de ce qui ne se voit pas, de ce qui reste ou qui est laissé en dehors, écarté pour y voir plus clair.

Ici au contraire, tout y est, il y a tout, il y a trop. On fait mine de comprendre tout le monde, tout le monde a ses raisons, bien qu’ils s’entredéchirent et qu’ils soient tous grotesques : ce sont des monstres, mais ils sont humains, ce genre de subtilité dialectique, subtilement de droite. Manque ce qui pourrait un peu trancher. Tranchante, évidemment qu’Isabelle Huppert l’est, comme à son habitude, actrice d’un double tranchant : l’aigu et