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Libération
Ce soir à la télé

«La Grande Traversée», et vogue Soderbergh

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Une caméra miniature, deux-trois semaines de tournage sur le «Queen Mary 2» avec Meryl Streep en figure de proue, le nouveau film du réalisateur de «Contagion» navigue entre tour de force et amateurisme déguisé.
Meryl Streep et Lucas Hedges, dans le même bateau sous l'œil de Soderbergh. (Warner)
publié le 18 avril 2021 à 15h39

Alors que le monde vit depuis un an et demi dans un autre de ses films sorti dix ans plus tôt, le nouveau Steven Soderbergh – pythie hollywoodienne, clairvoyante depuis Sexe, mensonges et vidéo en 1989 – lance ses derniers présages sur les eaux internationales de la télévision à la demande. En matière de prospection filmique ou de recherche du sujet brûlant, on fait confiance au cinéaste qui avait décidé en 2011 de convertir en fiction les bases de l’épidémiologie, sous la forme d’un film choral abrupt où toute chose et toute personne filmée était chargée d’une dose de contagion mortelle. Soderbergh ne cherche pas, comme tous les autres, à rendre visible l’invisible, ce serait plutôt l’inverse – en matérialiste pervers, il traduit des abstractions en perceptions, et vice-versa. Qu’est-ce que le cinéma, demande chacun de ses films, «pour voir», comme un coup de poker : le cinéma est ce qu’il filme, dans Contagion, le cinéma était contagion, pandémie. Dans ce Let Them All Talk (la Grande Traversée en VF), quoi encore ?

Une romancière célèbre, très consciente de son génie, y entraîne ses amies de jeunesse, son neveu et un manuscrit en cours dans une traversée de l’Atlantique en paquebot. Tourné en deux ou trois semaines, embarquant Meryl Streep, Candice Bergen, Dianne Wiest, quelques autres acteurs célèbres, une très petite équipe et une caméra miniature, sur le vrai Queen Mary 2 rempli de passagers, laissant ses interprètes improviser l