La gastronomie, nourriture et culture. Deux essences de «l’art de la bonne chère» qui se complètent moins qu’elles ne se contredisent, et que Tran Anh Hung filme en l’état, dans cette tension : chairs et sauces qu’on manipule et mélange comme les métaux en alchimie puis qu’on déchiquette, dissous, transforme de la plus crue et crade des manières dans son corps, cette grosseur qui éructe, remugle, exhale au mépris du saint-esprit dont la culture serait l’expression la plus élevée. La Passion de Dodin Bouffant, dont le titre modifié d’un livre plusieurs fois adapté de Marcel Rouff (la Vie et la Passion de Dodin-Bouffant gourmet, 1920) évoque un corps supplicié par ce qu’il ingère et digère, est ainsi, et étonnamment, à rebours du film pittoresque attendu (et catapulté tel quel aux oscars) sur la bonne bouffe comme étendard de notre terroir attaqué de toutes parts, comme chacun sait, par la malbouffe et la mondialisation.
Fou furieux de la gastronomie
Tran Anh Hung, identifié par le bia