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Des géants à la peau bleutée faisant mumuse avec de minuscules humains réduits à l’état d’animaux de compagnie, une planète lointaine, que peuplent un bestiaire fantastique et une flore tout en exubérances monstrueuses, dignes d’un tableau de Jérôme Bosch, le tout magnifié par la partition subtilement psychédélique d’Alain Goraguer… Cela fait cinquante ans que la Planète sauvage (1973) infuse la mémoire cinéphile de son inquiétante étrangeté. Anniversaire dignement fêté avec la parution d’un somptueux coffret et d’un beau livre, l’Odyssée de la planète sauvage, retraçant sa genèse. Adapté d’un roman de science-fiction (Oms en série de Stefan Wul), ce chef-d’œuvre pop du cinéma d’animation arty, davantage destiné aux adultes qu’aux enfants, doit son hallucinante beauté, mâtinée d’esprit de fronde et de mélancolie, aux talents conjugués de René Laloux (à la réalisation) et Roland Topor, qui en a conçu les dessins, et dont on reconnaît bien le petit théâtre de la cruauté, surréaliste et cauchemardesque.
Fable politique et poétique sur le devenir de l’humanité, entre déterminisme et liberté, soumission et révolte, intellect et pulsion, civilisation et barbarie (la seconde étant le produit abâtardi de la première), cette nouvelle restauration restituant ses couleurs pastel d’origine, rend grâce au trait crayonné nourri de multiples influences (Dalí, Magritte, Gustave Doré), où l’effervescence graphique s’allie à la lenteur hiératique du montage. Une merveille.