Il y a des ouvertures, comme des fins de film, dont on ne se remet pas. Celle de la Prisonnière de Bordeaux, qui est à la fois un début et, on le comprendra plus tard, une sorte de fin, est exemplaire, époustouflante dans son genre : au son de la mélodie entêtante d’Amine Bouhafa (le compositeur de BO qui monte), on sent – plus qu’on ne voit – apparaître Isabelle Huppert, fleur parmi les fleurs violettes et rouges du fleuriste chez qui elle compose son coûteux bouquet. C’est par le plafond miroité que Patricia Mazuy filme, comme pour nous signifier qu’ici, pour son septième long métrage, tout sera sens dessus dessous : Achille Reggiani, son fils et héros du grand film sombre qu’était Bowling Saturne, passe le relais en choisissant les roses pour Alma. On abandonne ainsi la noirceur visqueuse, la violence sèche et retorse, on passe côté pastel, côté mélo. On comprend le besoin de la réalisatrice de chercher la douceur et plus que jamais la phrase attribuée à Truffaut, qu’un film se fait toujours contre le précédent. Avec la Prisonnière de Bordeaux, Mazuy s’essaye au feel good movie, elle qui nous a davantage habitués à l’excès, au tordu, au flirt avec les limites ; elle troque également les grands espaces pour le confiné d’une maison de maître, exercice périlleux pour celle dont le western a toujours été l’horizon et qui en garde ici la trace seulement dans son titre.
Réunies pour un temps forcément limité
Si l’argument de départ n’est pas franchement jouasse – Alma, la grande bourgeoise