Lénine et Trotsky, Duran Duran et Japan… l’histoire regorge de gagnants qui sont les fac-similés d’originaux plus impurs et rebelles, mais voués aux marges et à l’obscurité. Monte Hellman, mort mardi à 91 ans était typiquement cité comme l’un des plus grands cinéastes américains – «le meilleur en activité» selon Sam Peckinpah en 1973 – mais son œuvre chiche reste typiquement dans la case «trésor caché», dans l’ombre, en l’occurrence, de la contre-culture et du Nouvel Hollywood. Easy Rider (1969) est censé être le road-movie le plus emblématique de la période, Macadam à deux voies (1971) restera comme le très grand film sur roues des seventies naissantes, plus féroce dans sa sécheresse, plus radical dans son impasse finale – la moto incendiée chez Hopper, la pellicule même du film qui crame chez Hellman. L’environnement est le même – l’ami Jack Nicholson qui a joué chez lui, le patronage du producteur Roger Corman qui fera débuter le cinéaste dans son écurie (le film d’horreur la Bête de la caverne hantée) et, de facto, des contemporains et illustres futurs comme Martin Scorsese et Francis Ford Coppola. Mais, pour filer l’obligatoire image routière qui illustrera sa carrière, Hellman prendra les chemins de traverse et fera des arrêts prolongés à des stations-service en rade. Son horizon : reprendre ce qu’Antonioni avait amorcé aux Etats-Unis, à savoir s’y perdre, s’effacer. Hellman parlait de ses films comme des rêves, plus dans leur
Disparition
La route s’arrête pour Monte Hellman
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Monte Hellman lors de la sortie de «Road to Nowhere». (Rick Loomis/Getty Images)
par Léo Soesanto
publié le 21 avril 2021 à 16h19
(mis à jour le 21 avril 2021 à 16h46)
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