Présenté en ouverture de l’Acid l’an dernier à Cannes, Laissez-moi fait partie d’un genre pour happy few : les films avec Jeanne Balibar, qui sont le plus souvent voués à la célébration de cette actrice dont le charme si singulier a la force de vampiriser les fictions qu’il habite. Ce premier long métrage est donc tout entier coloré par Balibar, au point que les adjectifs qu’on pourrait utiliser pour parler de sa mise en scène décriraient aussi son interprète principale : soit un alliage délicat formé de sophistication, de malice, d’une forme de mystère recherché, parfois un poil agaçant, et d’un horizon anachronique ouvertement embrassé par le film – on se situe en 1997, à quelques mois de la mort de Lady Di. Dès le premier plan, un mouvement flottant, très beau, qui nous porte jusqu’à Claudine, passagère d’un petit train bucolique qui sillonne la montagne, on est arrimé à elle, aimanté à son aura. D’ailleurs, personne ne lui résiste, là-haut dans cet hôtel d’altitude où elle se rend chaque semaine pour, littéralement, s’envoyer en l’air.
Partagée entre l’air érotique des sommets – un nouvel inconnu chaque mardi, pas d’attachement – et la suffocation du quotidien qui l’attend dans la vallée – so