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Romance

«Langue étrangère» de Claire Burger : une liaison douceureuse

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Dans son troisième film, Claire Burger suit la romance naissante entre une jeune Française et sa correspondante allemande. Un récit d’émancipation amoureuse et politique qui dessine le portrait d’une génération mais à la mise en scène trop ouatée.
Au contact de Lena, Fanny s’éveille à une vie sociale plus riche. (Les Films de Pierre)
publié le 10 septembre 2024 à 21h40

Quand Fanny, 17 ans, arrive en Allemagne chez une amie de sa mère pour un séjour linguistique, le dépaysement est loin d’être celui espéré : déjà isolée en France par le harcèlement qu’elle subit au lycée, la jeune fille fait face à la difficulté d’une langue qu’elle ne parle pas, ou seulement «ein bisschen», et à une correspondante mutique, préoccupée par ses propres problèmes familiaux. Fanny n’a a priori rien en commun avec Lena, extravertie et revendicatrice quand l’autre est réservée, cool kid contre victime – cependant, au fil de l’échange entre Leipzig et Strasbourg, elles se rapprochent peu à peu tandis que, au sens propre comme au figuré, les langues se délient. Dans Langue étrangère, troisième film de Claire Burger, la romance naissante sert ainsi de canevas à un récit d’émancipation : au contact de Lena et des milieux militants qu’elle fréquente, Fanny s’éveille à une vie sociale plus riche, aux rapports amoureux et à l’engagement politique.

Temporalités différentes

C’est en s’intéressant à ce dernier que Langue étrangère cultive une forme de singularité. Pour dépasser les oppositions archétypales entre ses héroïnes, Claire Burger veille à détailler leur paysage socioculturel, déterminant dans leurs consciences politiques respectives. Le rapprochement amoureux va alors de pair avec la rencontre de deux cultures définies par des histoires récentes aux temporalités différentes : si la chute du mur de Berlin est un souvenir encore frais pour la génération de la mèr