C’est devant un hémicycle quasiment vide que Francesca Pasquini, députée écologiste des Hauts-de-Seine, a présenté ce jeudi 2 mai sa demande de création d’une commission d’enquête sur les «abus et violences» dont sont victimes les mineurs et les majeurs dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité. La députée a donc prié ses collègues de permettre l’existence de cette commission qui «permettra de pointer du doigt qui sont les acteurs et personnes responsables de la survie de ce système». «Il est temps d’arrêter de dérouler le tapis rouge aux agresseurs», a-t-elle lancé après le vote.
Les unes après les autres, les députées (car il s’agissait en grande majorité de femmes) se sont succédé pour prendre la parole dans le cadre de la discussion générale. Les débats n’ont pas été virulents, toutes les intervenantes étant d’accord pour mettre fin aux violences dans le divertissement. Chaque groupe, du Rassemblement national jusqu’à la France Insoumise, ont listé leurs raisons de lutter contre les violences sexuelles, que ce soit pour combattre «le libertarisme post-soixante-huitard» pour les uns, ou «la domination masculine qui irrigue toutes ces violences sexuelles» pour les autres.
#MeToo
Dans les tribunes, Judith Godrèche a assisté aux débats regardant les unes et les autres défiler au micro. L’actrice avait demandé la création d’une commission fin février, après avoir porté plainte contre les réalisateurs Jacques Doillon et Benoît Jacquot pour «viols sur personne de moins de quinze ans par personne ayant autorité». Devenue fer de lance du mouvement #MeToo dans le cinéma, elle avait été auditionnée par le Sénat fin février et par l’Assemblée nationale mi-mars.
Au moment du vote, Judith Godrèche a fondu en larmes, les 52 députés présents ayant tous voté «pour» ne laissant aucune prise au «contre» ou à «l’abstention». Les députés se sont alors levés, se sont tournés vers l’actrice et l’ont applaudi. «Il faut que cette commission soit menée à bien», a commenté l’actrice après le vote des députés. «C’était extrêmement émouvant d’entendre ces mots dans un lieu où on fait les lois, alors qu’il y a une absence de la loi sur les tournages».
Les auditions commencent le 20 mai
Cette commission permettra donc à trente députés d’enquêter, avec trois missions : «évaluer la situation des mineurs qui travaillent au sein des industries du cinéma, du spectacle vivant et de la mode», mais aussi des majeurs après que la commission des affaires culturelles a étendu le champ d’investigation initialement envisagé, «identifier les mécanismes et les défaillances qui permettent d’éventuels abus et violences sur ces enfants et d’établir les responsabilités de chaque acteur en la matière» et «émettre des recommandations sur les réponses à y apporter».
La commission d’enquête doit être formée le 13 mai, et commencer ses auditions le 20 mai, selon Francesca Pasquini. Elle devrait rendre ses conclusions six mois plus tard, en novembre.
Mise à jour à 12h15 : avec la réaction de Judith Godrèche.