Laura Carreira est portugaise et vit depuis des années à Edimbourg, venue poursuivre des études de cinéma alors que la crise économique dans son pays incitait la jeunesse à lever les voiles. Mal à l’aise avec la forme documentaire («cette impression qu’il fallait mentir, intervenir tout en faisant semblant de ne pas être là») qu’elle a délaissée, poussée dans les bras de la fiction, cette admiratrice de Ken Loach et du néoréalisme italien signe à 32 ans un beau premier film, On Falling, dans les pas d’une employée d’entrepôt en Ecosse. Punaisé au mur derrière elle, dans le champ de vision de la webcam, l’affiche de l’Emploi de Ermanno Olmi. Entretien à distance, via Zoom, avec celle qui dit avoir une «obsession pour le monde du travail».
Vous montrez comment une dépense imprévue dans la routine de votre héroïne, Aurora, enclenche une infernale mécanique de dérèglement. Avez-vous pensé à Jeanne Dielman de Chantal Akerman ?
C’est un film qui m’a beaucoup inspirée, notamment dans la manière de cadrer Aurora dans la cuisine, comme si la caméra suivait elle aussi sa routine. La différence, c’est qu’on ne voulait pas d’une trop grande distance avec