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Libération
Rohmérien du tout

«Le Bruit du dehors» en fait des atones

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Récit des errances de deux amies trentenaires au charme morose, le nouveau film de Ted Fendt pèche par un manque de nerfs et une délicatesse excessive.
Englué dans son régime d’images de très basse intensité, «Le Bruit du dehors» compte un peu trop sur la cinégénie de ses actrices et le vague à l’âme sans objet de leur trentaine désabusée. (shellac films)
publié le 1er juillet 2022 à 21h44

Avec la sortie sur sa plateforme VOD et dans les salles qui lui appartiennent du Bruit du dehors de Ted Fendt, le distributeur marseillais Shellac poursuit son projet de faire exister différemment des films d’auteur qui se trouveraient broyés par la crise post-Covid de fréquentation des salles. Présenté au Festival international de cinéma de Marseille (FID) l’an dernier, le Bruit du dehors dure, comme le précédent film du cinéaste américain, Classical Period (inédit en France), une petite heure. Mais autant la concision de Classical Period allait de pair avec une forte concentration des affects et de solides joutes interprétatives – les personnages étaient des geeks pour qui la compréhension de la Divine Comédie était une question de vie ou de mort –, autant l’ambiance du film est ici à la vacance et à l’étirement d’une saison intermédiaire qui ne promet aucune grande révélation à ses héroïnes, rohmériennes seulement en surface (chez Rohmer, on a toujours une obsession, pas ici).

Minuscules enjeux

Filmé en Europe (Berlin et Vienne, des coins de rue anonymes plutôt que des monuments) en 16mm, le Bruit du dehors suit Daniela et Mia dans les visites qu’elles se rendent, chacune ayant perdu le sommeil dans sa ville et ne le retrouvant pas davantage dans la ville de l’autre. Tissé autour de minuscules enjeux – aller récupérer chez un sale type les affaires d’une copine, ne pas rendre à son amie l’argent qu’elle nous a prêté – sur lesquels il fait mine de ne