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Disparition

Mort d’Yves Boisset, réalisateur de «Dupont Lajoie» : engagez-vous, qu’il filmait

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Guerre d'Algérie (1954-1962), un conflit historiquedossier
Le réalisateur engagé, mort ce lundi 31 mars, n’a eu cesse de prendre position contre le racisme, la corruption, les injustices sociales et les dérives politiques de son temps.
Yves Boisset sur le tournage de «Canicule», en 1984. (ChristopheL)
publié le 31 mars 2025 à 10h30
(mis à jour le 31 mars 2025 à 19h12)

Pour qui a fait sa culture loin des cinémathèques, devant l’imprévisible loterie des grilles de la télévision des années 80, Yves Boisset est un nom aussi puissamment évocateur que Truffaut ou Godard. Dupont Lajoie, R.A.S., Allons z’enfants, le Prix du danger : films multi-diffusés qui ont tous été, pour l’œil encore inexpérimenté, de véritables traumatismes. Pas que le cinéma d’Yves Boisset soit particulièrement virtuose ou esthétique – ce serait même plutôt l’inverse – mais les thèmes et les idées qu’il charriait vous apprenaient les choses de la vie d’une manière peu commune, à la fois sèche, bourrue et spectaculaire, comme une gifle balancée sans sommation par un type à qui vous auriez juste demandé l’heure. Les films de Boisset faisaient peur, rire et grandir à la fois, ils vous racontaient le racisme, la corruption, la dégueulasserie de l’armée, l’hypocrisie qui tient le monde en place, la mort dans toute son horreur, en somme tout ce que l’existence vous réservait et dont vous n’aviez encore qu’une très vague idée. Plus tard, adulte, ces films, on les revisiterait, les discuterait, leur trouverait parfois la patte lourde, l’outrage facile, les manières pas très fines. Mais à leur manière, ils resteraient.

«Je fais un cinéma populaire, politique, qui essaie de toucher un public non militant, voire non informé, qui cherche à avoir le maxi