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Libération
Compte-rendu

Le festival d’Annecy en vies d’ailleurs

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Humanoïdes marins, périple à travers un pays imaginaire, exploration intime du Japon… Le cru 2021 du festival du film d’animation, qui a mêlé projections en ligne et en salles, a invité au voyage au fil de longs métrages souvent somptueux mais parfois trop sages.
«La Traversée» de Florence Miailhe (mention du jury).
publié le 21 juin 2021 à 8h19

Aller voir le monde. Voilà ce que nous auront permis les écrans, pendant tout le temps où nous étions enfermés, assignés à résidence puis à nos quartiers, pendant des longs mois d’un étrange statu quo qu’on est nombreux à avoir comparé à de l’asphyxie. Dans Josée, le tigre et les poissons, une jeune fille, handicapée, est enfermée à la maison par sa grand-mère pour éviter les monstres et les accidents. Elle vit à Osaka, à quelques stations de métro de la mer. Comme la majorité des Japonais, elle est insulaire mais vit entourée de béton ; un béton qui empêche, presque partout dans l’archipel, d’aller mettre les pieds dans l’eau. Si le film de Kotaro Tamura, présenté en ouverture du festival d’Annecy, est loin d’être un chef-d’œuvre, on aura vibré comme rarement au côté de son héroïne se confrontant enfin à l’océan tonnant à quelques stations de métro de sa chambre : il aura suffi d’une pandémie pour qu’une bonne partie de l’humanité réalise à quel point le monde qui l’entoure lui est éloigné. Et c’est un monde de synthèse, recréé sur papier ou à l’ordinateur, qui nous servira, le temps d’un festival, de fenêtre pour le vérifier.

Une édition 2021 en formule hybride, dont on ose dire qu’on espère que c’est la première et dernière fois que la situation sanitaire en impose la dualité. Exit les efforts de 2020 où nombre de distributeurs avaient accepté de